Isautier – Une tradition qui perdure depuis 170 ans

Louis Isautier, originaire de Nogent-sur-Seine, débarque en 1832 sur l’île de la Réunion (alors appelée Bourbon) à seulement 23 ans. À cette époque, la culture de la canne à sucre commence à remplacer celle du café, car la canne est plus résistante aux cyclones dévastateurs de l’Océan Indien. Rejoint par son frère André, Louis Isautier s’associe avec la puissante famille Orré, en épousant Appolonie et Antoinette Orré. Ce mariage d’affaires et d’amour est à l’origine de la création d’une entreprise fondée sur le sucre de canne et le rhum, qui perdure encore aujourd’hui.

Après la disparition des frères Isautier, c’est Antoinette, veuve de Charles Isautier, qui prend les rênes de l’entreprise en 1865, avec l’aide de ses trois fils. Grâce à son esprit d’entrepreneure, elle installe une nouvelle distillerie à Saint-Pierre, et les rhums Isautier, conditionnés dans des bouteilles de grès, remportent leurs premières médailles lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1878. Sous la direction d’Alfred Isautier, petit-fils de Charles et d’Antoinette, l’entreprise prospère au tournant du siècle, avec la commercialisation de rhums dans la fameuse bouteille triangulaire caractéristique d’Isautier. Ainsi, la marque se fait une place en dehors de l’île, grâce aux talents de négociant d’Alfred.

Après la Seconde Guerre mondiale, Charles Isautier, né en 1917, prend les rênes de l’entreprise familiale et décide d’un nouveau virage pour l’entreprise. Il entreprend une diversification audacieuse en proposant des produits qui n’ont plus qu’un lointain rapport avec la canne à sucre. Ainsi, Isautier se lance dans la confection de chocolats, de confitures, de vinaigres, de parfums, de bougies, d’encaustique, et même de matelas et d’aliments pour le bétail ! Le groupe Isautier devient un véritable écosystème, abritant jusqu’à 60 petites entreprises, offrant du travail aux Réunionnais et contribuant au développement économique de la région. Cependant, à une époque où le commerce commence à se mondialiser, l’entreprise ne peut assurer une expansion pérenne pour toutes ces productions diversifiées.